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Patrimoine

La tour civile

Porte fortifiée, de forme carré, d’une quinzaine de mètres de hauteur, incluse dans le tracé des anciens remparts, aujourd’hui englobs par des constructions modernes. Cette porte donnait accès à la vieille ville, dite « le fort »;elle à deux mètres d’ouverture utile, sur une hauteur de cinq mètres environ, cette ouverture en pierres appareillée étant voûtée en plein cintre. L’absence de modénature spécifique à une époque déterminée ne permet pas une datation, surtout en l’absence (pour le moment) de documents d’archives; on peut proposer le XVème – XVIème siècle.

A la clef de voûte, une inscription à déchiffrer; au-dessus de la clef, sur une console, un buste en bronze de François Arago.
Au-dessus de l’arc de la partie intérieure, une niche dans laquelle on voit une statue de la vierge à l’enfant.
Sauf l’appareillage de la partie extérieure du passage et des deux murs verticaux, à l’intérieur du passage, l’ensemble de la construction est recouvert d’un crépi de ciment assez récent, ne permettant pas de voir l’appareillage. (Recencement par la drac il y a une 20 années)

En pluviôse de l’an 7(février 1799)
L’agent municipal N° 18 R. Morat Chargé de la police d’Estagel écrit à son administration :

« Le respect que nous devons aux mânes de nos ancêtres nous commande chaque jour l’urgence qu’il y a d’entourer le lieu sacré où ils reposent d’un mur à une élévation qui mette leurs dépouilles à l’abri des animaux fossiles et voraces.
J’ai été réveillé par le vœu général qui demande à grand cri la construction de ce mur. Ce qui fait que, je me résume donc, à demander auprès de vous un avis favorable qui approuve la démolition du local où est situé l’horloge, les réparations à faire pour la placer de nouveau à la tour contiguë et à la construction du mur à une hauteur proportionnée qui doit entourer et clore le cimetière en autorisant à prendre pour obvier aux frais des dites réparations sur les fonds de la commune. »

La réponse de l’administration municipale est tout aussi intéressante, car elle va dans le même sens que l’agent, et même plus !

« Considérant que le cimetière public de cette commune placé depuis quatre ans hors de la commune sans que les ressources des revenus communaux ayant pu suffire jusqu’à l’entourer d’un mur que le besoin s’en fait sentir de plus en plus chaque jour puisqu’il fut reconnu l’année dernière que des chiens voraces et des bêtes fauves avaient fouillé des sépultures du dit cimetière et en avaient dévoré des cadavres.
Que l’amélioration des revenus communaux offrant aujourd’hui la ressource des fonds nécessaires pour subvenir aux dépenses qu’occasionneront la démolition de l’ancienne horloge et la construction du nouvel emplacement qui lui est destiné sur l’ancienne tour derrière celui‑ci et pour construire un mur d’une hauteur convenable autour du dit cimetière comptant d’ailleurs sur les bonnes dispositions des habitants de la dite commune qui ont manifesté déjà le désir de coopérer de touts leurs moyens à une réparation reconnue indispensable ; estime qu’il y a lieu à autoriser le citoyen Raphaël Morat agent municipal de la dite commune à faire démolir l’édifice ou est placé l’horloge actuel, à faire disposer convenablement la tour contiguë au dit édifice pour y placer l’horloge. Secundo à faire construire autour du cimetière de la commune un mur d’une hauteur convenable pour que ce lieu soit à l’abri des bêtes fauves ; en conséquence il sera autorisé à tirer les mandats nécessaires sur le receveur des recettes communales pour l’acquit des dépenses que nécessiteront les diverses réparations et ce sur les états qu’il dressera des dites dépenses et au fur et à mesure qu’il y aura dans la caisse du dit receveur des fonds disponibles autres que ceux nécessaires à l’acquit des dépenses municipales et communales arrêtées par l’administration centrale ; charge en outre le dit Raphaël Morat de justifier à la fin du dit travail de l’emploi des sommes qu’il aura dépensées pour les dits objets. »

Nous retrouverons le Sieur Morat dans l’article suivant, et le texte ci-dessus donne une réponse à celui-ci.

Les horloges d’Estagel

Estagel a eu 2 horloges : l’une à la gare depuis 1901 et l’autre sur l’ancienne tour porte de la « Cellera » depuis !!! Avant la révolution.
La première mention d’horloge (pour celle de la tour) que j’ai trouvé, c’est une lettre de Mr. Vadel qui est horloger à Tuchan mais également le premier Maire révolutionnaire du même Tuchan.
Cette lettre indique que la municipalité d’Estagel lui a commandé une horloge et que le délai est dépassé, ce Mr. Vadel répond (A.D.P.O. 54 EDT 109)

Je me faits l’honneur de réppoundre à la laitre que vous avés prire la paine de mécrire de même méanvoyer l’en exprès pour qu’elle me feut exactement remise.
Vous me marqués que vous navés raisseu aucune nouvelle deppuis le temps écheu à laquelle je devais vous allés plassér l’horloge neuve. Seppéandant quelques jours apprès le délay echeu, je me fis l’honneur de vous écrire l’an vous priant de préandre passiance l’ancore quelque temps pour le plassement du susdit horloge. Dans laquelle laitre je vous faizés le détail quy était cauze déce retard ; laquelle laitre remis à un ménager de votre ville d’Estagel pour vous le remaitre, lequel était veneu à Tuchan pour acheter du bled ; vous me permettrés Messieurs de vous donnés les détaill de la 1ère laitre.

Et il énumère les raisons de son retard : son compagnon est parti, mais il va revenir, et qu’il ne peut faire le travail tout seul, mais son cousin va venir l’aider.
Qu’il a été malade 1 mois
Que Mr. Cribellier foundeur à Perpignan, écoutons le :

« 5-que Mr Cribeiller foundeur à Perpignan m’avet promis de foundre les rouages l’an bronze avec toutes les dentures à la charge pour moi de faire les moulles l’an bois. Se que je fis avec beaucoup de perte de temps et il l’an est rézulté que le sieur Cribeiller l’huy à été impossible de foundre les roues avec les deanturescomme il me l’avet promis.
6-Quand je fus à Perpignan pour chercher les susdites rouées elles ne furent point foundues de l’heune manière ny de l’autre, ce qui mocaziona qu’il me faleut restés quatre jours à Perpignan pour méanportés les susdites rouées sans deantures. Voila Messieurs le plus fort inconvéniant qu’il m’est arrivé. »

Et puis il y a les charges de Maire. Pour finir il demande encore 15 jours de délai mais promet de venir Dimanche prochain pour « faire aller la vieylle horloge »
Nous retrouvons notre horloger Vadel le 12 nivôse de l’an 2 (1er janvier 1794) L’horloge a dû être posée, car elle est en panne et voici les explications que donne notre horloger pour excuser son retard :
« Mon arrivée à Tuchan n’est que du jour de yz au soir, je ne puis dans sé momeant partyr pour Estagel a raizoun d’eune affaire très presséante pour l’un de mes amis lequel est détenu a La grasse a la maizoun de récleuzion ; par fauséte deun verbal dressé comptre le déteneu. Il faut de necessesité indispeanseable que je repparte aujourduy pour Lagrasse pour porter des pièsses justifficatives au comité de suveiylleance pour maître apportée. La ditte comité de juger sette affaire déffinitiverneunt et délivrer le déteneu.
Soyer asseurer chers consitoyens que dessuitte moun retour a Tuchan je mé reandray dessuitte à Èstagel pour répparer votre horloge, je vous prie de passieanter cancore quelques jours »

Ce Maire révolutionnaire assidu à défendre ses amis nous donne de ses nouvelles le 14 ventose de l’an 2 (4 mars 1794) et nous dit que c’est une roue de l’horloge qu’il a dû réparer, que cela est fait, mais qu’il a été malade quelques jours, que cela va un peu mieux et qu’il viendra demain ou après demain au plus tard. Et compatissant il ajoute : « Je sans la néssesité quà votre commeune pour qué votre horloge aille régeuliérement. »

Mais la commune ne doit pas être satisfaite de ses services car le 29 fructidor de l’an 11 (21/09/1803) Mr. Grill maire d’Estagel est autorisé par le conseil municipal à tracter : réparation et entretiens de l’horloge avec Antoine Abadie horloger résident à Roufia qui se charge d’entretenir en bon état et faire à l’horloge les réparations dont elle aura besoin à compter du 1er vendémiaire an 12 (24/09/1803) moyennant la somme de 30 fr. Par an. (Bas du document manquant A.D.P.O. EDT 109)
L’histoire de l’horloge est inséparable de celle de la tour qui la supporte, et là nous revenons au mois de pluviôse de l’an 7 (8 février 1799) : l’agent municipal N° 18 chargé de la police d’Estagel écrit à l’administration municipale pour signaler que l’édifice où se trouve placé l’horloge est très vétuste et mérite d’être détruit mais il précise :

« Depuis plusieurs années le corps de bâtiment menace de toute la ruine, et dans la même, il avait provoqué la sollicitude des anciennes administrations, qui craignent un éboulement imprévu et dangereux par sa situation dans un lieu public et fréquenté, avaient hasardé des réparations provisoires pour éviter momentanément quelque grand malheur. Ces réparations existent encore, on y remarque une barre de fer placée dans l’intérieur de l’édifice qui saisit les 2 murs latéraux qui étaient séparés (d’une manière à faire craindre ruine) du mur du frontispice et que l’on voit encore crevassé dans son long.

Ces motifs réunis à d’autres non moins puissants. L’emploi utile que l’on peut faire des décombres de cet édifice. La tour qui le domine, solidement bâtie sur la muraille du fond présentant un local plus solide et offrant plus d’agrément pour y placer l’horloge. Tant des considérations me prescrivent que … de solliciter auprès de vous dans ce moment la prompte démolition de cet antique édifice. Par là nous procurer un agrément et une salubrité d’air à la commune qui est rendue infecte par la corruption des ordures qui se font nuitamment (à la dérobée de la vigilance, et des soins de l’administrateur chargé de la police) dans le recoin que forme le dit horloge sur le fossé qui naguère a été comblé pour un semblant motif ; par là moi … encore qu’aucun citoyen ne coure danger d’être emporté quelque jour dans ces ruines. »

La réponse de l’administration municipale est sans ambiguïté :

« depuis longtemps l’édifice ou est placé l’horloge de cette commune menace de tomber en ruines et que l’agent municipal a raison. Et l’administration départementale de décréter autoriser la commune d’Estagel à faire les démolitions désignées dans la présente.» (A.D.P.O. LP1283)

Mais l’histoire ne s’arrête pas là, en effet dans un extrait du conseil municipal d’Estagel du 6 février 1826 le Maire a dit :

« Messieurs, vous savez tous que la vieille tour dite de l’horloge ainsi que les arceaux qui la soutiennent, menacent d’une chute prochaine, déjà des briques et des grosses pierres se sont détachées et j’ai été averti qu’un enfant en passant avait manqué d’en être …….. J’ai pensé dès lors que rien n’était plus urgent que la démolition de ces ouvrages dont l’existence est inutile et peut devenir dangereuse pour les habitants de la commune. J’ai écrit à Mr le Préfet qui m’a autorisé à vous rassembler extraordinairement pour délibérer sur ce qu’il convient de faire. »

Apparemment la démolition prévue en 1899 n’a pas du être faite et la tour devient dangereuse et le conseil municipal décide de la démolition, jusqu’à leur fondement, dans le plus court délai possible, de la tour dite de l’horloge et celle ou l’horloge était placée, ainsi que les arceaux sur lesquelles l’une et l’autre sont construits.

Vierge à l’enfant

Située dans une niche de la tour de l’horloge coté intérieur.

14è/15ème siècle marbre et bois polychrome, restaurée en 2007 par le centre de conservation et de restauration du patrimoine du Conseil Général des Pyrénées-Orientales.