AccueilL’histoire d’EstagelArchitecture Chapelle Saint Vincent à Estagel

Chapelle Saint Vincent à Estagel

La chapelle

Cette chapelle, qui comporte une abside préromane, est située sur la colline, qui a pris son nom, dans la commune d’Estagel. Elle a, sans doute, remplacé un édifice païen (des villas gallo-romanes existaient sur le territoire d’Estagel Mas de Jau et Mas Camps).

Les premières traces écrites de cette chapelle se trouvent dans le recueil des chartes de l’abbaye de la Grasse.

L’édifice actuel remanié vers le 13ème siècle et couverte d’une voûte en plein cintre reposant sur des arceaux latéraux. Lorsqu’elle fut transformée en ermitage, probablement au 17ème siècle, en 1676 on y note la présence d’un ermite Pierre Triquera, et dans un compte rendu du conseil municipal de cette époque, on apprend que la commune payait à l’ermite un habillement tous les 2 ans, la chapelle se trouva englobée dans le bâtiment érémitique.

En très mauvais état à la fin 19ème siècle la chapelle est achetée Le 10 Août 1861 par Monsieur Paul Aggeri prêtre succursaliste domicilié à Estagel, qui, ensuite en fait don à la Marguillerie d’Estagel le 15 janvier 1873. Voir actes plus bas.

Elle fut restaurée par le conseil de marguillerie et les paroissiens. Puis de nouveau en ruine en 1981 le bâtiment érémitique est amputé de son étage, la galerie avec ses arcades est conservée, la chapelle par elle-même est débarrassée de tous les enduits successifs et c’est là que les restes de l’abside préromane ont été découverts. La chapelle reste un lieu de culte, le site par lui-même a été transformé en théâtre de plein air et en aire de pique- nique. A l’arrivée des pèlerins, une borne oratoire, avec une sculpture de Saint Vincent récente.

Les chartes de L’Abbaye de Lagrasse

(Extrait des 2 tomes concernant Estagel)

Ces chartes ont fait l’objet d’un recueil en 2 tomes publiés par Elisabeth Magnou-Nortier, professeur émérite à l’université de Lille III et Anne-Marie Magnou, Ingénieur de recherche au C.N.R.S.
Ce sont des extrait de ces 2 recueils qui suivent, les annotations suivant la date sont des auteurs, (ce qui ne veut pas dire que les églises n’existaient pas, mais qu’il y avait une volonté de les faire appartenir à l’abbaye de la Grasse).

En 806 ou 807, le 5 avril, acte faux :

L’Empereur Charlemagne, à la prière de l’abbé de La Grasse, Nimphridius, et pour subvenir aux besoins des moines, leur donne des biens du fisc sis dans le comté de Catalogne, à savoir : dans le pays du Roussillon, Saint Etienne relevant du monastère Saint Félix de Pézilla-de-la-Rivière, Sainte Colombe de Canohès, Saint Vincent d’Estagel (Sancti Vincentii de Stagello) avec toutes leurs dépendances.

En décembre 951, acte remanié,

Le Pape Agapet II (946-955) confirme à l’abbé de La Grasse Suniaire, par l’intermédiaire de son légat Arnulf, abbé de Ripoll, l’ensemble du patrimoine du monastère et notamment Estagel et son église (villam Stagello cum sua ecclésia).

En 1118, 30 novembre, Acte faux :

Gélase II (1118-1119) prend sous sa protection le monastère de La grasse, au sujet duquel il a trouvé au palais du Latran la preuve écrite que Charlemagne en avait fait don au bienheureux Pierre, et il confirme l’ensemble de son patrimoine…… Il renouvelle en leur faveur le privilège d’Urbain II (1088-1099)……….

En 1119, 17 juillet, acte très suspect.

Après avoir pris connaissance du privilège de Gélase II, Calixte II (1119-1124) confirme à l’abbaye de La Grasse l’ensemble de ses possessions, à savoir : ……. Entre autres, dans le diocèse d’Elne, les églises Saint Etienne et Saint Vincent d’Estagel (Sancti Stephani et Sancti Vincentii de Stagello)…..

En 1155, 25-31 mars et 1156, 1-24 mars,

Béranger de Peyrepertuse, du consentement de Raymond comte de Barcelone et prince d’Aragon, engage à Béranger, abbé de La Grasse, à Béranger camérier, et à la communauté l’albergue qu’il tient du comte de Barcelone à Estagel, pour 1300 sous de melgoriens***qui lui sont nécessaires pour se rendre au Saint-Sépulcre de Jérusalem. Le comte de Barcelone garantira la possession du gage jusqu’au remboursement de la somme.

En 1228, le 16 juin,

Grégoire IX (1227-1241), à la demande de l’abbé Benoît et de la communauté de La Grasse, confirme les biens du monastère, a savoir : entre autre, dans le diocèse d’Elne,…….. les églises et dîmes de Saint Etienne et Saint Vincent d’Estagel, …….
Après le tracé de la frontière de 1258 (traité de Corbeil) l’abbaye de La Grasse garde ses possessions, mais le village passe sous l’autorité des couronnes d’Aragon, de Majorque puis d’Espagne.

On peut noter que en 806-807 il est indiqué Saint Vincent d’Estagel, et en 1119 on trouve la mention les églises Saint Étienne et Saint Vincent d’Estagel. Même si ces textes sont faux, on remarque une différence d’appellation qui pourrait indiquer la construction d’une église au village.

Acte notarié – N° 375

Le 10 Août 1861

Par devant Maître Jean baptiste Honoré Hippolyte Cussol notaire à la résidence de Latour de France chef lieu de canton dans le premier arrondissement du département des Pyrénées Orientales assisté de témoins, a comparu le sieur Bonaventure Forner Llubes propriétaire agriculteur domicilié et demeurant à Estagel dans le dit canton de Latour, lequel vend irrévocablement et sous la garantie de droit à Monsieur Paul Aggeri prêtre succursaliste domicilié et demeurant aussi à Estagel à ce présent et amputant

1-La ruine d’une ancienne bâtisse ayant servi de chapelle ainsi que tout ce qui en forme une dépendance du côté du midi, de même que le terrain qui servait d’avenue à la dite bâtisse, du côté du couchant et celui-ci devant une nature de jardin et aujourd’hui complanté de …… . pieds d’oliviers existant au levant et au midi de ladite bâtisse, le tout contigu et ne formant qu’un corps de la superficie totale de huit ares et soixante dix centiares situé dans le territoire du dit Estagel au lieu dit Saint Vincent et figuré sur le plan cadastral de cette commune par la parcelle N° 1 de la section C

2-Et trois ares de rebuts de terrain à prendre immédiatement à côté tant au nord qu’au couchant de la dite parcelle N° 11 de la section C sur les deux autres parcelles en nature de champs et pâture que le dit Sieur Forner Llubes possède au même lieu et qui sont figurés au plan susdit sous les N° 9 et 10 de la même section C.

Le vendeur déclare

1°- que ces biens faisant l’objet de cette vente-ci lui appartenaient pour lui être advenu du chef du sieur Dominique Forner son feu père de son vivant propriétaire agriculteur domicilié au dit Estagel où il résidait depuis plus de quarante ans et dans la succession duquel il en recueillit en vertu de l’attribution qui lui en fut faite lors du partage de cette hérédité établie par un acte de propriété devant Maître Bauby alors notaire à la résidence de Latour le vingt deux novembre 1820

2°-que ces bien là sont francs et libres de toutes charges hypotécaires généralement ………… au moyen de ces déclarations l’acquéreur se reconnaît bien et suffisamment fixé tant sur l’origine de la propriété que sur la situation hypothécaire du bien vendu et il s’en comptente, demeurant le bénéfice de la garantie à laquelle le vendeur reste assujetti envers lui.

L’acquéreur prendra dès ce jour la récolte, possession des biens faisant la matière de cette vente pour en jouir et disposer désormais comme son bien propre, aux charges et droits avec les…………. et servitudes actives et passives qui s’y rattachent.

Cette vente est ainsi faite pour le prix de trois cent francs que le vendeur reconnaît avoir reçu en partie avant un prix entier et à son contentement et le restant en espèces au cours actuel remis et délivré comptant au vu du notaire et du témoin soussigné pour M Aggeri acquéreur auquel le vendeur fournit quittance du dit entier prix de vente.

Fait et ……… à Estagel dans le presbytère de cette commune.

Le dix août 1861 en présence de MM Pierre Imbert instituteur public et Adrien Isart maçon domiciliés et demeurant l’un et l’autre au dit Estagel témoins instrumentaires requis et qui ont signés avec les deux comparant et le notaire après lecture faite.

Donation du 15 janvier 1873

Par devant Maître Benjamin Émile Denis Bauby notaire à la résidence d’Estagel canton de Latour de France, arrondissement de Perpignan (Pyrénées Orientales) soussigné et en présence des témoins ci-après nommés aussi soussignés.

A comparu :

Monsieur Paul Aggeri, curé doyen, domicilié,et demeurant actuellement à Vinça, arrondissement de Prades. Lequel a par ces présentes fait donation entre vifs et irrévocable à la fabrique de l’église d’Estagel, sauf acceptation ultérieure pour la dite fabrique, de la manière et dans les formes prescrites par les lois.

1°- des ruines d’une ancienne bâtisse ayant servi de chapelle, ainsi que de tout ce qui en forme une dépendance du côté du midi, de même que du terrain qui servait d’avenue àla dite bâtisse du côté du couchant et de celui autrefois en nature de jardin, aujourd’hui complanté d’oliviers existant au levant et au midi de la dite bâtisse, le tout contigu et ne formant qu’un corps de la superficie totale de huit ares soixante dix centiares, situé dans le territoire d’Estagel au quartier appelé Saint-Vincent et figuré sur le plan cadastral de cette commune par la parcelle N° 11 de la section C.

2°-et d’une autre partie de terrain en champs et pâture de la contenance de trois ares faisant partie des parcelles désignées sous les N° 9 et 10 de même section C , existant immédiatement à côté tant au nord qu’au couchant de la dite parcelle N° 11

M. Aggeri déclare que les biens faisant l’objet de la présente donation sont francs et libres de toutes charges hypothécaires, qu’ils lui appartiennent en vertu de l’acquisition qu’il en a faite du sieur Bonaventure Forner Llubes, propriétaire agriculteur domicilié à Estagel, suivant acte passé devant Maître Cussol , en son vivant notaire à Latour le 10 août 1861 dument enregistré et transcrit et que le dit Forner les avait lui-même recueillis dans la succession du sieur Dominique Forner son père en vertu de l’attribution qui lui en fut faite dans l’acte de partage de cette succession passé devant Maître Joseph Armand Désiré Bauby en son vivant notaire à Latour père et prédécesseur immédiat du notaire soussigné le 22 11 1820

La fabrique de l’église d’Estagel pourra dès aujourd’hui jouir et disposer des biens à elle présentement donnés comme de choses à elle propre et lui appartenant en pleine propriété et jouissance tout ainsi et de même que M Aggieri était en droit de le faire en vertu des titres sus mentionnés

Cette donation est faite à la charge par dite fabrique :

1° de payer les frais des présentes ;

2° d’acquitter à partir de ce jour les contributions de toutes nature dont les dit biens peuvent et pourront être frappés

3° de supporter les servitudes passives dont ces même biens peuvent être grevés sauf à elle à s’en défendre et à faire valoir a son profit les servitudes actives, le tout à ses risques et périls

Les immeubles formant l’objet de la présente donation sont estimés ensemble pour la perception des droits d’enregistrement à un revenu brut annuel de quinze francs.

Dont acte en minute fait et passé à Estagel, en l’étude, l’an 1873 le 15 janvier.

Témoins : Joseph Calvet Dabat propriétaire.

Joseph Chauvet fils cordonnier.