Albert Bausil

Albert Bausil, le poète, a une impasse à Estagel là où il avait la maison ancestrale à la terrasse fleurie, dont une partie est devenue une maison d’hôte.

Né à Castres,le 16 décembre 1881, son père était sous-préfet de cette ville. La famille revient à Perpignan et à Estagel au décès du père en 1887. Il est interprète amateur de représentations théâtrales et il forme lui-même des troupes.

En 1905 il publie son premier recueil de poèmes « Primeroses et Rimes roses », il compose plusieurs pièces. Pel Mouchi nous retrace son passage à l’institution Saint-Louis-de-Gonzague.

Le 6 février 1909 il fonde à Perpignan, avec Jean Payra le » cri Catalan ». Il écrit les premiers chants lyriques à la gloire du sport et des équipiers Catalans.

En 1917 il reprend la direction d’un hebdomadaire en fondant le « Coq Catalan ».

Il écrit pendant la campagne 1914-1917 « Hymnes de France » à la mémoire de son ami le lieutenant Prosper Pierron.

À lire

  • La tramontane mars-avril 1947 A la mémoire d’Albert Bausil.
  • Heures Perpignanaises (revue catalane 1920)
  • Au Muscle Catalan (revue catalane 1921)
  • La Guirlande Roussillonaise (revue catalane 1921)
  • La Terrasse au Soleil (le coq catalan 1921)
  • La Neuvième Offrande (le coq catalan 1923)
  • Poèmes d’Amour et d’Automne (occitania 1928)
  • Le Matelas de nuages (le coq catalan 1936)

Aux morts de mon pays

Poème dit par Madeleine Roch, sur la scènede la Comédie Française, le 18 novembre 1922.

… Vous n’aurez même pas de place au cimetière. .
Vous êtes tombés, seuls, sur des champs inconnus.
Aucune main d’ami n’a fermé vos paupières.
On ne sait pas ce que vos corps sont devenus…
Quand Novembre viendra sur les grands jardins blêmes,
Quand la Toussaint fera tomber ses feuilles d’or,
Vos mères n’iront pas, avec des chrysanthèmes,
Pleurer devant la pierre où repose leur mort.
Vous ne dormirez pas en terre catalane,
Prés du petit chemin paisible où nous passons,
Et le vent familier qui berce les platanes
Ne vous bercera pas de sa bonne chanson.
Inconnus, confondus dans l’immense hécatombe,
Nul ne peut, maintenant, vous sauver de l’oubli.
Le glas ne sonne pas pour un soldat qui tombe,
Et c’est le soir venu qu’on vous ensevelit ! …
Sans cercueil, sans adieu, sans larmes, sans prières,
Sans le dernier baiser de ceux que vous aimez,
Sans la petite croix où s’enroule le lierre,
Dans la nuit, par les bois, sous la fange, dormez…
Dormez ! Votre sommeil est beau comme une aurore.
Demain, les angélus du bonheur sonneront ;
Vous ne serez pas là pour voir les blés éclore,
Mais ce sont vos épis, que nous moissonnerons
Le monde avait besoin pour que tout s’accomplisse
De son sang le plus pur et le plus vigoureux.
Vous êtes la rançon de ce grand sacrifice,
Et c’est par vous que nos enfants seront heureux.
De ce sang répandu dans les sillons d’éteules,
De ce ferment sacré monte déjà la fleur,
Et les peuples, un jour, assis autour des meules,
Béniront la besogne obscure du semeur.
Et nous, les survivants de la grange et de l’aire,
Nous qui recueillerons aux champs de l’avenir,
Le prix de ces printemps et de ces ossuaires,
Nous ne t’oublierons pas, martyr !
Nous ne t’oublierons pas. Dans la plaine arrosée,
Quand nous verrons le grand retour de Messidor,
Nous nous rappellerons que c’est votre rosée
Qui fit épanouir pour nous la moisson,d’or.
Nous ne t’oublierons pas. Car c’est avec ton rêve
Que nous entrons vivants dans la réalité
Que nous reforgerons le soc avec le glaive.
Et que nous cueillerons demain le blé qui léve
Dans les champs rajeunis de la fraternité.

Albert Bausil