Jacques Pauthe

Courriers que Jacques Pauthe envoie à l’abbé Rous concernant la décoration du chœur de l’église  Saint-Étienne-Saint Vincent en 1867.

Monsieur le Curé.

J’ai tardé quelques jours à vous donner des nouvelles du plan de décoration que je vous avais promis et que je vous envoie aujourd’hui. Parce que je tenais beaucoup à la faire voir au­paravant à Monseigneur. J’ai eu l’honneur de passer quelques ‘instants avec sa grandeur jeudi dernier‑ et après avoir reçu quelques explications‑ il l’a approuvé entièrement‑ et m’a prié de vous dire en vous écrivant qu’il en­verrait un jour avec plaisir l’entière exécution. Je lui ai parlé de cette grande Gloire, et il est parfaitement de votre  avis. c’est à dire de l’enlever et de la remplacer par la peinture murale dont je vous présente le projet  il en est de même des tableaux qui seront remplacés avantageusement par le sujet que je vous offre parce qu’ils rempliront mieux l’espace et contribueront davantage à la décoration du sanctuaire. Il a fait observer aussi que ces feuilles sculptées qui sont au-dessous de la corniche autour du sanctuaire et figurées dans le plan au-dessus du martyre de st Vincent, rendent la corniche extrêmement lourde‑ et qu’en les supprimant, on donnerait plus d’élévation au sujet par conséquent plus d’air et plus de Grâce [au sujet ‑ rayé]. Enfin en somme sa Grandeur m’a témoigné un Grand contentement, et elle espère que vos projets seront bientôt réalisés en faisant appel à la bonne volonté de votre conseil de fabrique et à celle des bons habitants d’Estagel dont vous avez su en peu de temps captiver l’estime, je dirai plus l’amitié. Monseigneur en est très satisfait. Aussi m’a t il‑engagé à faire en votre faveur quelque sacrifice afin que vous puissiez mieux un jour faire la décoration de toute l’Église, Je veux bien entrer dans cette idée mais la quantité de dorures à faire et nécessaires cependant. Quoique Monseigneur me recommande de ne pas les prodiguer. Ces dorures dis je m’épouvantent un peu et augmentent de beaucoup la dépense. Je crois que cette dépense pour la décoration complète du sanctuaire et des deux chapelles latérales en vous faisant une grande concession pourra s’élever à la somme de cinq mille francs à peu près vous serez seulement chargé de l’échafaudage du recrépissage des faces où je dois peindre les martyres des saints et du lambris dont la peinture et la dorure seront comprises dans la décoration. Les motifs en bois sculpté et doré et entièrement détaché du mur figuré aussi dans le plan pour servir de couronnement aux colonnes de chaque côté du retable resteront à ma charge. Voici pour le paiement les propositions que j’aurais à vous faire, si vous croyez devoir prendre quelque temps comme l’or se paie comptant et que je serais obligé d’en faire les avances, suivant les habitudes. Vous ne me donneriez mille francs en commençant, quinze cents francs ou deux mille francs à la fin de l’ouvrage, et le reste du prix convenu dans un an de date sans intérêt‑ mais avec intérêt si après cette année un plus (tâche d’encre) long délai vous était nécessaire. il me reste à vous faire une observation relativement aux deux chapelles latérales au sanctuaire, c’est que faites séparément elles coûteraient bien davantage  et qu’il vaut mieux que les personnes qui seraient portées à donner pour la décoration de ces deux chapelles donnent néanmoins mais en les laissant comprendre dans l’entreprise du sanctuaire. Maintenant sans vous dire les moyens que vous prendrez auprès des fidèles que vous dirigez pour arriver à la réalisation de vos projets, permettez que je vous dise ce que fit le curé de Mazamet. (Dépt du Tarn.) L’Église était sale en quelque sorte, il veut la faire restaurer­, comment faire : la fabrique était fortement endettée, alors profitant de l’enthousiasme que son arrivée avait suscité, il propose un jour en chaire d’ouvrir une souscription à trois francs par an, il efface d’un seul trait de plume 6 mille catholiques, dit‑il sur les 8 mille dont se comporte sa paroisse. Il va chez tout le monde indistinctement avec son registre, de sorte que toute la population voulut souscrire, et on avait cinq ans pour payer la somme pour la quelle on souscrivait. Les riches souscrivirent pour bien plus de trois cent francs, ce qui fit qu’il eut 20 mille francs à me donner pour la décoration complète de l’église. 8 mille francs pour les vitraux, plus les ouvriers qu’il avait rayés de la liste, voulurent aussi payer leur obole, de sorte que la réparation s’est parfaitement faite et terminée à la satisfaction de tous sans que la fabrique fut obligée d’intervenir, elle eut de quoi au contraire payer ce quelle devait. faites donc en sorte de m’appeler bientôt à Estagel parce que j’ai d’autres commande qui vont me faire quitter Perpignan pour quelque temps et qu’avant je pourrai faire votre réparation (tâche d’encre). Je livre le plan à la voiture qui fait le service d’Estagel (tâche d’encre) je pense qu’il vous sera fidèlement remis, et vous voudrez bien dans quelques jours m’en accuser réception.

Veuillez agréer, Monsieur le Curé, mes hommages respectueux.

Pauthe J (signature)

Perpignan 11 Janvier 1867
Maison Muxart place de la Réal.

Monsieur le Curé,

En causant avec Mr Le Curé de la Cathédrale, je lui ai fait part des propositions que vous veniez de me faire relativement à la décoration de votre sanctuaire et par considération pour vous, il m’a tellement engagé à vous être agréable pour si peu que je passe faire quelque petit sacrifice que je lui ai promis d’accepter vos conditions telles qu’elles ont été formulées dans vote lettre. Il n’y a qu’une petite difficulté que vous pouvez facilement aplanir si vous le voulez bien, et cette difficulté n’en sera pas une si vous permettez que je commence de suite en m’engageant à ne vous laisser aucune espèce d’échafaudage dans le sanctuaire après le six mars, puisqu’un escalier dont je tire vers ici suffirait pour terminer les peintures murales des côtés ou de l’intérieur de la niche, il serait enlevé le soir, de sorte que pour vos exercices religieux qui se font seulement comme partout, que le peuple du moins, après la journée des travailleurs, votre sanctuaire sera entièrement libre, je vous le promets, parce qu’avec un nombre suffisant d’ouvriers, vous verrez que je peux faire cette promesse. Si vous vous décidez, je viens tout de suite après la réception de votre lettre m’entendre avec le maçon auquel vous commanderez votre échafaudage, et prendre les mesures nécessaires pour faire faire sans retard les motifs en bois que j’ai figuré au-dessus des colonnes dans le plan présenté. Maintenant voici le motif qui me fait. écrire ainsi ; j’ai reçu une commande importante, le travail à faire est un peu loin, mais le prix alloué est bien tentant ; j’ai accepté, mais comme aussi je tiendrais à faire votre sanctuaire avant et que j’ai la liberté daller commencer au commencement du moins ou aux environs de Pâques, il ne dépend que de vous d’avoir votre sanctuaire décoré dans peu de temps, et avant les [sanctuaire rayé] fêtes de Pâques époque à laquelle j’ai déjà pris des engagements à Capestang près Béziers et à Narbonne ; et si je pars pour Issoudun près Châteauroux, le travail est considérable puisqu’il s’agit de la décoration entière de l’église du sacré cœur de cette ville qui sait s’il me sera donné de revenir à Perpignan aussitôt que pourrais le désirer Monseigneur ainsi que Mr le Curé de la cathédrale, et vous même. Ainsi en résumé en commençant immédiatement j’ai le temps plus que suffisant pour terminer la voûte du sanctuaire et toutes les parties qui demanderaient un Échafaudage, c’est à vous de voir et de vous entendre avec les Messieurs de la fabrique, si vous voulez que je fasse passer votre ouvrage avant tous les autres.

Veuillez en attendant ma réponse, agréer Monsieur le Curé mes hommages respectueux

PAUTHE J.

Perpignan 17 janvier 1867